Une « fille du Régiment » étonnante à l’opéra de Catane
La Sicile est la terre natale du compositeur Vincenzo Bellini et Catane lui a consacré son opéra: Le teatro Bellini !
C’est une très belle salle réputée pour son acoustique jugée « la meilleure du monde » par certains grands chanteurs !
Dans ce beau théâtre à l’italienne, s’est donnée en Octobre une production historique d’un ouvrage léger de Donizetti, l’opéra-comique « la fille du Régiment » dans la version du célèbrissime metteur en scène Franco Zeffirelli, décédé en 2019.
A l’époque, dans les années 1970, ce réalisateur de films fameux avait pris le parti de traiter cette œuvre comme une « pochade militaire », inspirée des images d’Epinal du XIX ème siècle !
Même si les décors et costumes sont frais et colorés, cette production apparait dépassée et un peu trop « kitsch » à mon goût !
L’ouvrage de Donizetti avait triomphé lors de sa création à l’Opéra-Comique de Paris en 1840, et c’est bien la version originale en français qui est proposée à Catane, alors que tous les chanteurs sont étrangers, italiens pour la plupart !
C’est presque dommage de ne pas entendre la version en italien, car les textes parlés étaient pratiquement incompréhensibles, mais plus percutants heureusement dans les airs et ensemble !
Seul, le ténor américain John Osborn, grâce à sa parfaite diction, a bien défendu la version originale !
C’est sur lui que repose cet ouvrage et il a été parfaitement à la hauteur du rôle, de Tonio en particulier dans le fameux air périlleux « ah mes amis, quel jour de fête ! » !
Surnommé « l’Everest de l’art lyrique », avec ses neuf contre-ut, cet aria à la fin du premier acte est redoutable et le public a fait un triomphe au ténor qui a même bissé cette page , soit 18 contre-ut enchainés en 10 minutes !
Les autres artistes étaient bons mais sans grand relief , à l’image de la soprano italienne Jessica Nuccio à la tessiture adaptée au difficile rôle de Marie mais qui était un peu en retrait !
C’est vrai qu’il s’agissait de la Première et que la soprano était un peu tendue !
L’orchestre jouait beaucoup trop fort et par moments les voix était trop couvertes par la fosse, même si la direction était précise et dynamique !
Le public italien habituellement chaleureux et démonstratif n’a pas été enthousiaste, et je ne garderai pas, moi aussi, un souvenir marquant et vif de cette production lyrique !